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Par sa simplicité voire sa naïveté, et la sobriété de son trait, cette cène, issue d’un manuscrit du XIIIe ou XIVe siècle, est représentative d’un important courant de l’art arménien de l’enluminure.

 

Elle s’en distingue cependant par le soin particulier apporté à la composition, aux couleurs et à l’ornementation. Au centre, la croix, entourée d’une végétation exubérante, symbolise la source de vie. Malgré la stylisation du dessin, l’expressivité des visages est frappante : une profonde affliction s’y dessine, à l’exception de celui de Judas. Des inscriptions en arménien jouent le rôle de légende, une pratique alors courante. En haut, on peut lire : « chambre haute » , expression désignant dans certaines traductions des évangiles la pièce où aurait eu lieu le dernier repas. Un peu plus bas l’artiste a écrit « Jésus-Christ », « apôtres », et en bas : « Judas prend le morceau [c’est-à-dire le pain, symbolisant le corps du Christ] et sort ». 

Les enluminures ornent de nombreux manuscrits religieux. Bien qu’ils aient fait l’objet des plusieurs épisodes de destruction ou de pillage, notamment lors du génocide de 1915, des dizaines de milliers de manuscrits ont été conservés depuis le Moyen-Âge. Heureusement, tous ceux qui se trouvaient au Haut-Karabagh ont été mis en sûreté au Matenadaran, la bibliothèque des manuscrits d’Erevan, la capitale arménienne.