
Une combattante de la première guerre. C’est ainsi que cette femme, qui tient un petit restaurant avec sa fille près du marché de Stepanakert, se présente.
Ce n’est pas si surprenant : la participation active des femmes aux combats est fréquente en dehors des situations de conflit interétatique classique, lorsqu’un territoire se rebelle ou résiste à une occupation. C’était le cas pendant la première guerre du Haut-Karabagh. Dans un contexte de dislocation de l’Union soviétique et de naissance de nouveaux États, les forces armées n’étaient pas encore organisées. Toute personne volontaire, même équipée d’un fusil de chasse ou autre arme de fortune, pouvait être amenée à défendre son village ou son quartier. Si 115 femmes seulement ont obtenu le statut d’ancienne combattante de la première guerre, bien d’autres ont participé sans être officiellement reconnues.
Depuis, les choses ont sensiblement évolué en Arménie. Au cours des dix dernières années, la féminisation de l’armée a été encouragée. La population étant de moins en moins nombreuse (moins de 3 millions d’habitants) et de surcroît vieillissante, toutes les ressources humaines sont bienvenues. Les femmes qui ont grossi les rangs des écoles militaires sont appelées à remplir toutes sortes de fonctions, y compris les armes à la main. Elles seraient notamment appréciées comme tireurs d’élite. Même l’épouse du Premier ministre s’est engagée en ce sens, symboliquement du moins. En 2020, elle a organisé et a participé à un stage d’entraînement aux techniques de combat pour un groupe d’habitantes du Haut-Karabagh puis mis sur pied un peloton exclusivement féminin. En marge de l’armée régulière, plusieurs organisations paramilitaires ambitionnent de former des dizaines de milliers de volontaires à la défense du territoire et aux techniques de survie. Elles jouissent d’un succès croissant depuis la seconde guerre et la plus importante compterait dans ses stagiaires une petite moitié de femmes. Un engouement qui en dit long sur la menace que les Arméniens et Arméniennes sentent peser de plus en plus lourdement sur l’avenir de leur pays.