
Ce moutonnement de montagnes à perte de vue est caractéristique de l’ouest du Haut-Karabagh, prolongement du Haut-plateau arménien.
Comme le nom de la région l’indique, l’altitude de ce massif compact est globalement élevée, avec une moyenne de 1100 mètres et quatre sommets au-dessus de 3000 mètres. Ceci sur une superficie proche de celle d’un petit département français comme la Haute-Savoie. Ce confetti à l’échelle du Caucase jouit néanmoins d’un atout majeur, ses ressources hydrographiques : l’enneigement des sommets pendant l’hiver et les versants veinés de rivières constituent un véritable château d’eau. Alliée à la fertilité des sols en partie volcaniques, cette manne a permis le développement d’une agriculture prospère sur les plateaux et dans les vallées, la culture de céréales et de fruits et légumes s’accommodant bien du climat continental à tempéré. Le mot Karabagh comprend d’ailleurs le terme persan « bagh » qui signifie « jardin ».
Le relief montagneux est aussi synonyme de difficultés d’accès. Avant la seconde guerre de 2020, seules deux routes reliaient le Haut-Karabagh, enclavé dans le territoire azerbaïdjanais, à l’Arménie. Si l’isolement compromet les échanges, il comporte aussi des avantages. Au cours de l’histoire, cette forteresse a servi de refuge aux populations en proie aux invasions. Et à plusieurs reprises, la région a joui d’une certaine autonomie vis-à-vis des pouvoirs centraux. Dans ces conditions, s’est forgé au fil du temps un état d’esprit mêlant détermination, aspiration à l’indépendance et attachement profond à la terre. Symbole éclatant de ce lien indéfectible qu’entretenaient les habitants expulsés en 2023 avec leur territoire, la sculpture monumentale érigée près de Stepanakert, et qui figure sur les armoiries du Haut-Karabagh, a pour nom « Nous sommes nos montagnes ».