« J’ai rencontré pour la première fois l’archevêque Barkev Martirosyan en Artsakh lors de ma première visite après la libération de l’Artsakh en juin 1993.
Titulaire d’un doctorat en théologie, l’archevêque Barkev faisait partie des rares ecclésiastiques dont la formation académique approfondie complétait le leadership spirituel. Il s’est dévoué corps et âme à l’Artsakh, jouant un rôle essentiel à chaque étape de son développement depuis 1989, année où il fut nommé primat du diocèse d’Artsakh. Il a œuvré sans relâche à la restauration des églises, notamment celle de Saint Ghazanchetsots à Chouchi, où il s’est installé peu après la libération de la ville en 1992.
C’est l’archevêque Barkev qui m’a fait découvrir pour la première fois l’un des trésors cachés de l’église Saint-Sauveur Ghazanchetsots de Chouchi : une salle souterraine, située juste sous l’autel, dotée de remarquables propriétés acoustiques. Cela reste l’une des expériences les plus marquantes de ma vie.
Lors de mes fréquents voyages en Artsakh – tous les quelques mois jusqu’à ma dernière visite en juin 2022 – je prenais toujours le temps de rendre visite à Monseigneur Barkev. Chaque fois, j’en repartais revigoré, empli d’une énergie qui me portait bien au-delà de notre rencontre.
Il a également joué un rôle déterminant dans la réouverture du monastère de Gandzasar, l’un des plus beaux exemples de l’architecture arménienne du milieu du XIIIᵉ siècle. La revue *Gandzasar*, étroitement liée au monastère et au diocèse d’Artsakh de l’Église apostolique arménienne, a été un vecteur essentiel de la promotion du patrimoine culturel, spirituel et historique de l’Artsakh. Si l’archevêque Barkev est connu pour la restauration physique du monastère, la revue présentait aussi sa mission dans la préservation et à la diffusion de l’identité chrétienne arménienne.
Son Éminence Barkev s’est trouvé en première ligne lors de la Première Guerre d’Artsakh, non seulement en tant que leader spirituel, mais aussi comme une présence fidèle aux côtés du peuple. Des décennies plus tard, lors de la guerre du Haut-Karabagh de 2020, il est resté auprès des siens, appelant à la force, à l’unité et à la résilience face à la dévastation. Il a joué un rôle direct et influent au sein de l’État et a participé à toutes les réunions clés, aux côtés des responsables gouvernementaux, du président et des dirigeants nationaux.
Soldat dévoué de l’Artsakh et véritable intellectuel arménien, il incarnait à la fois le courage et la sagesse, reliant la lutte spirituelle et nationale avec une détermination inébranlable. »
Ashot Ghazaryan
Directeur exécutif de l’UGAB Arménie (Union Général Arménienne de Bienfaisance) de 1991 à 2011
Vice-Président de l’Université américaine d’Arménie (AUA) de 2011 à aujourd’hui
