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Niché au cœur de montagnes boisées, Dadivank tire son nom de celui de saint Dadi, disciple légendaire de Thaddée, un des apôtres ayant évangélisé l’Arménie. C’est le tombeau du saint qui aurait été mis au jour sous l’une des trois églises du monastère.  

 

D’une grande richesse artistique, ce joyau de l’art médiéval, dont la construction s’acheva au XIIIe siècle, était aussi l’un des plus importants monastères arméniens de l’époque. Il était constitué d’une vingtaine de bâtiments partiellement conservés, certains dédiés au culte comme cette église et cette chapelle, d’autres à la restauration et à l’hébergement des moines ou aux activités monastiques. Gravées sur les murs de l’église, diverses inscriptions en arménien attestent notamment de sa construction en 1214 à l’initiative d’une princesse locale ayant perdu son mari et ses deux fils. Ainsi, on peut lire sur la façade sud : « Mon fils aîné Hasan a été tué pour la foi chrétienne dans la guerre contre les Turcs, et mon fils cadet est passé au Christ, laissant sa misérable mère dans un deuil inconsolable ». Sur la même façade, une sculpture représente les deux fils portant un modèle de l’église.

Malgré la présence de ces inscriptions en langue arménienne et d’autres œuvres typiques comme les pierres à croix sculptées (les khatchkars), le gouvernement azerbaïdjanais prétend aujourd’hui que le complexe appartient à l’héritage culturel de son pays et que l’Arménie l’a falsifié pour se l’approprier. Il annonce une restauration qui permettrait de rétablir ce qu’il présente comme la vérité historique. Comme beaucoup d’autres monuments dont l’origine arménienne n’est pas contestable, Dadivank est faussement réattribué aux Albaniens, ou Albanais du Caucase. De cette population chrétienne qui vivait au premier millénaire sur un territoire correspondant à l’actuelle République d’Azerbaïdjan subsisteraient quelques milliers de descendants qui appartiennent à l’ethnie oudie. En novembre 2020, les religieux arméniens ont été contraints de quitter les lieux et les pèlerins de faire leurs adieux au monastère, dont la gestion a depuis été confiée à la communauté oudie.