
Construit au début du XIIIe siècle, le monastère de Gandzassar compte parmi les plus belles réalisations de l’art médiéval arménien, notamment du fait de la richesse de son ornementation sculptée.
Son église est consacrée à saint Jean-Baptiste car, selon la légende, la tête du saint, coupée sur ordre du gouverneur Hérode Antipas à la demande de Salomé, y a été enterrée à l’époque des croisades. Cette pittoresque coupole en forme de cône plissé est appelée « coiffe en ombrelle ». Un type de dôme répandu en Arménie depuis le XIe siècle. Au premier plan, le « gavith », sorte de vestibule, est typique de l’architecture monastique arménienne de l’époque. Comme c’est le cas pour tous les monuments emblématiques de la région, l’Azerbaïdjan prétend aujourd’hui que l’Arménie l’a profané et dégradé pour se le réapproprier, attribuant faussement sa paternité aux Albaniens ou Albanais du Caucase.
Un peuple qui vécut dans la région au premier millénaire, dont la plus grande partie a été islamisée lors de la conquête arabe au VIIe siècle, mais dont une minorité est restée chrétienne. Bakou joue sur du velours en rappelant que Gandzassar a, un temps, été le siège du patriarche d’Albanie du Caucase. Or, dans les faits, l’église albanienne chrétienne est toujours demeurée sous l’égide de l’église arménienne et en a même adopté la langue. La présence de ce siège et l’identité arménienne du monastère sont donc parfaitement compatibles.
Gravement endommagée pendant la première guerre du Haut-Karabagh, l’église avait été restaurée. Jusqu’en 2020, le monastère était toujours en fonction et considéré comme un des centres spirituels de la région. Ainsi, en 2008, lors du « grand mariage », union simultanée de près de sept cents couples arméniens, si la plupart ont choisi la cathédrale de Chouchi, ancienne capitale régionale, quelque cent trente d’entre eux ont préféré Gandzassar. Un souvenir heureux qui tranche avec le silence qui règne aujourd’hui sur ce monastère que personne ne peut approcher, son entrée ayant été verrouillée.