
Discrète Arménie ! Qui, en dehors des personnes qui y vivent ou en sont originaires, sait qu’elle fut le premier État chrétien de l’histoire ?
Selon la tradition chrétienne, ce sont les apôtres Thaddée et Barthélemy qui ont évangélisé la région, aussi l’Église arménienne est-elle dite « apostolique ». Mais c’est Saint-Grégoire l’Illuminateur, qui, quelque trois siècles plus tard, convertit le roi Tiridate IV. Le christianisme est proclamé religion officielle du royaume en 301, douze ans avant l’édit de Milan qui le reconnaîtra comme culte légitime au sein de l’Empire romain.
Aujourd’hui encore, avec 98% des habitants qui s’en réclament, l’Arménie est un des pays au monde où la religion chrétienne demeure la plus vivace. La période d’occupation soviétique a pourtant été rude pour les croyants : l’Église a été l’objet d’une répression féroce non seulement par idéologie, mais aussi parce qu’elle constituait un pilier de l’identité arménienne que Staline entendait affaiblir. Sur son ordre, un patriarche a été assassiné, les prêtres et les évêques persécutés, les séminaires et les églises ont été fermés, les croyants menacés.
Mais la transmission de la foi a perduré dans les familles, grâce en particulier aux mères et aux grands-mères. On peut imaginer que ce crucifix a été soigneusement caché jusqu’aux années 90. Il n’est d’ailleurs pas représentatif de la tradition arménienne dans laquelle les croix ne portent pas le corps du Christ. Elles sont plus volontiers ornées d’éléments végétaux, ce qui correspond à leur dénomination : bois de vie.