
Officiellement nommée « Nous sommes nos montagnes », cette statue monumentale de neuf mètres de hauteur, érigée en 1967 au nord de Stepanakert, a été rebaptisée par les Arméniens « grand-mère et grand-père ».
C’est dire l’attachement qu’ils témoignent à ces personnages qui représentent pour eux l’identité de leur peuple et figurent au centre des armoiries du Haut-Karabagh. Le sculpteur, Sargis Baghdasaryan, s’est inspiré de ses propres grands-parents pour modeler ces deux époux âgés qui, en l’absence de piédestal, semblent émaner directement de la terre. Le visage de la femme, dont la forme évoque les collines environnantes, est orné d’une représentation stylisée de la coiffe traditionnelle, qui en recouvre la partie inférieure. Invité à commenter son œuvre, l’artiste, aujourd’hui décédé, a déclaré : « Ils sont le peuple, ils sont la terre, ils sont nous-mêmes, nos montagnes. Ces gens sont nés ici, leurs racines millénaires sont ici, et ils sont les véritables propriétaires de cette terre et de cette nature ».
Dans la région, avant la seconde guerre, les cérémonies de mariage comprenaient souvent une séance photo devant ces ancêtres taillés dans le tuf, comme pour placer le couple sous leur protection. Une thèse a récemment émergé en Azerbaïdjan, selon laquelle cette sculpture, qui a été créée sous le régime soviétique, a été financée grâce à des fonds azerbaïdjanais. Les Arméniens se la seraient réappropriée à des fins nationalistes. Quelques voix s’élèvent pour réclamer sa destruction et l’arrière du monument a été récemment tagué de diverses inscriptions, dont certaines moqueuses à l’encontre de l’Arménie et des Arméniens.